Une parentalité alternative suppose-t-elle une approche différente?


Requière-t-elle une préparation psychosociale spécifique?

La prise en charge du projet parental des couples de lesbiennes est effective en Belgique depuis les années 80. La Belgique n’a fait l’impasse ni sur l’adaptation sociale et juridique afin d'encadrer cette parentalité différente, ni sur l’évaluation prospective du bien-être des enfants au travers d’études médicales bien menées (Breawaeys et al., 1997). Les conclusions de ces études sont cohérentes et convergent pour conclure positivement, ce qui pose dès lors question quant aux motivations du refus de traitement de ces patientes dans d’autres pays (Hunfeld et al., 2002).

Cela étant, cette parentalité différente suppose que l’on prépare et questionne les patientes afin de faciliter l’accueil et l’intégration de l’enfant dans sa famille élargie et dans la société en général. L’approche médicale sera également adaptée à ces patientes nécessitant une prise en charge médicale alors qu’il n’existe pas de réelle pathologie d’infertilité.




 

Les préalable à la prise en charge de l’homoparentalité et des mamans solo

La prise en charge de l’homoparentalité doit évidemment d’abord répondre aux exigences juridiques du pays concerné afin de réaliser le traitement en toute légalité et accueillir l’enfant dans un contexte sociétal qui l’encadre et le protège.

En Belgique, la prise en charge des patientes est réglementée par plusieurs textes de loi fixant l’agrément limité des centres de PMA ainsi que leur fonctionnement et le remboursement des traitements. La loi de juillet 2007 relative "à la PMA et à la destination des embryons surnuméraires et des gamètes" précise les aspects éthiques de l’accès aux soins. Elle définit "l’auteur du projet parental comme toute personne ayant pris la décision de devenir parent par le biais d'une procréation médicalement assistée, qu'elle soit effectuée ou non au départ de ses propres gamètes ou embryons". Cette définition reconnait donc explicitement la parentalité pour des parents du même sexe ou seuls.

La législation belge ne fait pas figure d’exception puisque d’autres pays travaillent selon les mêmes principes: l’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Finlande, le Danemark, la Grèce, pour ne citer que les pays les plus proches. La France vient de modifier sa loi en ce sens en 2021. L’accueil de l’enfant au sein d’une famille homoparentale implique que cette famille soit reconnue légalement au sein de la société dans laquelle elle évolue.

En Belgique, le mariage homosexuel a été légalisé en janvier 2003 et la possibilité pour les couples homosexuels d’adopter en avril 2005. La filiation automatique pour les couples homosexuels mariés ou pas, par simple reconnaissance sur le ventre pour la coparente est effective depuis 2015. Cette dernière avancée est capitale pour permettre au parent qui n’a pas de lien génétique avec l’enfant d’être reconnu à part entière et d’avoir des droits et une autorité parentale équivalente au parent génétique du couple homosexuel. De nouveau, cette législation ne fait que renforcer un mouvement amorcé dans les pays du Nord puisque l’adoption est légale depuis 1999 au Danemark, 2001 au Pays-Bas, 2003 en Suède, 2005 en Allemagne, Espagne et Royaume-Uni. La France vient de permettre la filiation de la coparente en 2021.
 
La question essentielle qui sous-tend l’adhésion à l’insémination pour les familles sans père est sans aucun doute le devenir et le bien-être des enfants ainsi conçus et élevés.

Cette question a fait l’objet de nombreuses études publiées dans des revues scientifiques reconnues, ce qui permet d’atteindre un bon niveau de preuve, avec des conclusions identiques que ces études aient été menées en Europe ou Outre-Atlantique.
Elles peuvent se résumer comme suit:
  • L'évaluation du développement psychosocial des enfants et de la qualité de l’éducation ("parenting") au sein des familles sans père ne met pas en évidence de différences significatives avec les couples hétérosexuels: ces enfants "fonctionnent" bien jusqu’à l’âge adulte tant sur base de leur relation familiale positive que de leur bien-être psychologique. Ils ont une bonne estime de soi et on observe une orientation sexuelle parallèle à celle des enfants éduqués par un couple hétérosexuel.
  • Ce n’est pas l’orientation sexuelle ou le type de famille qui est prédictif du bien-être de l’enfant mais bien la chaleur et le soutien qui lui seront apportés.
  • Refuser l’accès aux IAD d’emblée pour les lesbiennes ou les maman solo parce que ce n’est pas dans l’intérêt de l’enfant est injustifié sur base des études réalisées 
 

L'IAD (insémination artificielle avec donneur) en Belgique, quelques chiffres

En Belgique, les centres de PMA doivent effectuer un enregistrement online de leurs données. On estime que 75 à 89% des IIU pratiquées en Belgique sont effectivement enregistrées dans la base de données du site www.belrap.be et accessibles à tous. Si l'on se réfère à ces enregistrements, quelques données concernant les IAD sont interprétables (année 2019):
  • 24.128 IIU ont été initiées dont 1.704 (7%) ont été abandonnées en 2019
  • 9.140 ont été effectuées avec un sperme de donneur (41%) et 46% des patientes venaient de l’étranger
  • Dans 88% des inséminations la raison de l’utilisation du sperme de donneur était l’absence de partenaire: 56% d’homoparentalité et 32% de femmes sans partenaire
  • Le taux de grossesses cliniques (rythme cardiaque positif) après IAD est de 13%: 15% avant 36 ans et 5% après 39 ans.
 
 

Prise en charge médicale des IAD dans le cadre d’une parentalité alternative

Cette prise en charge pose 2 questions:
  • d’une part, cette population particulière de patientes, ne consultant pas a priori pour une infertilité mais pour avoir accès à une banque de sperme, nécessite-t-elle une approche médicale différente en termes de stimulation associée à l’IAD?
  • d’autre part, cette parentalité "sans père" requière-t-elle une préparation psychosociale spécifique?
Stimulation et IAD
Peu de données spécifiques relatives aux résultats d’IAD dans cette population spécifique sont disponibles. Plusieurs études ont  évalué rétrospectivement les facteurs pronostics des  IAD réalisées chez des patientes seules ou lesbiennes et concluent:
  • Les taux cumulatifs de grossesses et le taux de grossesses par cycle ne sont pas différents entre les femmes célibataires et lesbiennes.
  • Il s’agit d’une population fertile où l’usage de stimulation ovarienne empirique ne modifie pas significativement le taux de grossesses et la surmédicalisation de cette population saine n’a d’autre effet que d’augmenter les grossesses multiples.
  • La majorité des grossesses sont obtenues durant les 5 premiers cycles.
  • L’âge reste le principal facteur pronostic, invitant ces patientes comme d’autres à ne pas repousser l’âge de la conception au-delà de 35 ans et les médecins à envisager une stimulation au-delà de 39 ans.
 
 

Une préparation psychosociale spécifique

Compte tenu des résultats positifs des études concernant le développement psychosocial de l’enfant élevé dans des familles sans père, se pose la question de la légitimité de cette "préparation à la parentalité différente". Rassurés par les données scientifiques, nous avons globalement abandonné une approche fondamentalement différente et nous encadrons les couples homosexuels comme les couples hétérosexuels consultant pour stérilité avec une demande de recours à un donneur de sperme.

Notre mode de prise en charge se base sur le concept de l’écoute "à quatre oreilles" qui souligne l’importance de l’interprétation du discours des patientes du point de vue du gynécologue et du point de vue du spécialiste du bien-être (un psychiatre ou un psychologue). Notre  prise en charge inclut un entretien avec le gynécologue et avec la psychologue. Le premier entretien avec le gynécologue, est donc aussi d’ordre psychosocial. Le gynécologue qui réalisera effectivement l’acte de l’insémination s’assure que la demande est en adéquation avec ce qui lui semble important, de son point de vue. Cela nous semble en effet capital que le médecin concerné soit à l’aise avec l’acte qu’il posera. De plus, cette approche plus pragmatique avec un somaticien permet un entretien d’emblée plus factuel. La rencontre ultérieure avec la psychologue et l’élaboration des questionnements qui en résulteront permettront d’apaiser et de donner sens à cette première "confrontation" directe avec une réalité abordée de front.

Le devenir favorable des enfants élevés par une femme seule n’a été confirmé que chez les mamans solos qui ont effectué une demande proactive pour une parentalité solo au sein des centres de PMA et qui ont été encadrées par une approche pluridisciplinaire. Dans les faits, cette approche conduit à écarter de 1/3 à la moitié des demandes, selon les études. Au Groupe santé CHC, nous avons donc opté pour un principe de précaution pour les femmes seules, à savoir au minimum deux entretiens avec la psychologue avant une décision pluridisciplinaire le plus fréquemment en réunion d’équipe.

Ces différentes consultations constituent souvent la base du cheminement vers une parentalité différente, mieux appréhendée. Elles permettront d’anticiper les éventuelles difficultés en insistant, au cours des entretiens successifs avec le somaticien et la psychologue, sur la nécessité de transparence, de stabilité et de cohérence. Cette réflexion commune, entre praticiens et futurs parents, devra toujours être considérée comme une préparation et non comme une évaluation ou un jugement.
 
 

Visioconference

Des rendez-vous par visioconférence peuvent être obtenus avec les Dr Delvigne et Johnson
  • pour la Belgique: 04 355 42 50
  • pour l’étranger: 04 355 42 72 ou 04 355 42 73
 


Références

  • Anderssen N, Amlie C, Ytterøy EA. Outcomes for children with lesbian or gay parents. A review of studies from 1978 to 2000. Scand J Psychol. 2002 Sep;43(4):335-51.
  • Baetens P, Brewaeys A. Lesbian couples requesting donor insemination: an update of the knowledge with regard to lesbian mother families. Hum Reprod Update. 2001 Sep-Oct;7(5):512-9.
  • Brewaeys A, Ponjaert I, Van Hall EV, Golombok S. Donor insemination: child development and family functioning in lesbian mother families. Hum Reprod. 1997 Jun;12(6):1349-5.
  • Delvigne A. La maternité autrement - "Un bébé toute seule" - p. 88. Claire Rommelaere et Laurent Ravez (éds),  Presses universitaires de Namur, Collection Epistémologie et éthique du vivant n°8, 2013.
  • Ethics Committee of the American Society for Reproductive Medicine. Access to fertility treatment by gays, lesbians, and unmarried persons. Fertil Steril. 2009 Oct;92(4):1190-3.
  • Ferrara I, Balet R, Grudzinskas JG. Intrauterine insemination with frozen donor sperm. Pregnancy outcome in relation to age and ovarian stimulation regime. Hum Reprod. 2002 Sep;17(9):2320-4.
  • Frederick JL, Denker MS, Rojas A, Horta I, Stone SC, Asch RH, Balmaceda JP. Is there a role for ovarian stimulation and intra-uterine insemination after age 40? Hum Reprod. 1994 Dec;9(12):2284-6.
  • Golombok S, Tasker F, Murray C. Children raised in fatherless families from infancy: family relationships and the socioemotional development of children of lesbian and single heterosexual mothers. J Child Psychol Psychiatry. 1997 Oct;38(7):783-91.
  • Golombok S, Perry B, Burston A, Murray C, Mooney-Somers J, Stevens M, Golding J. Children with lesbian parents: a community study. Dev Psychol. 2003 Jan;39(1):20-33.
  • Golombok S, Badger S. Children raised in mother-headed families from infancy: a follow-up of children of lesbian and single heterosexual mothers, at early adulthood. Hum Reprod. 2010 Jan;25(1):150-7.
  • Hunfeld JA, Fauser BC, de Beaufort ID, Passchier JP. Child development and quality of parenting in lesbian families: no psychosocial indications for a-priori withholding of infertility treatment. A systematic review. Hum Reprod Update. 2002 Nov-Dec;8(6):579-90.
  • Maccallum F, Golombok S. Children raised in fatherless families from infancy: a follow-up of children of lesbian and single heterosexual mothers at early adolescence. J Child Psychol Psychiatry. 2004 Nov;45(8):1407-19.


Des familles en tous genres. Un film pour en parler
F.A.M.I.L.L.E de Jessica Champeaux by Larsens Prod


 

F.A.M.I.L.L.E (Jessica Champeaux) Trailer FR from Centre de l'Audiovisuel à Bxl on Vimeo.


accolement cicatricielle de deux tissus à l'intérieur de l'abdomen après une infection ou une intervention

absence de règles

étude des maladies du système reproducteur masculin

absence d'éjaculation

absence d'ovulation

absence totale de spermatozoïdes dans le sperme

fragment de tissu testiculaire prélevé chirurgicalement à l'intérieur duquel on peut rechercher des spermatozoïdes nécessaires à la fécondation

embryon âgé de 5 jours qui contient déjà une centaine de cellules et une cavité centrale

cellule d'un embryon

conduit situé dans les organes reproducteurs de l'homme permettant le transfert du sperme

analyse du nombre et de la structure des chromosomes effectuée sur les cellules du sang. Il permet de mettre en évidence certaines causes d'infertilité ou de fausses couches chez les deux membres du couple

cellules des ovaires et des testicules qui donneront ovocytes et spermatozoïdes)

bactérie qui peut provoquer chez la femme une infection pouvant passer relativement inaperçue. Celle-ci est dangereuse pour la fertilité car elle se propage au niveau des trompes et provoque de façon insidieuse des dégâts irrémédiables à leur niveau

conservation des cellules à très basse température (produits utilisés: cryoprotecteurs)

couronne de cellules entourant l'ovule

sperme recueilli lors d'une éjaculation

ensemble de cellules résultant de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde. Il gardera le nom d'embryon jusqu'à 3 mois de conception

muqueuse utérine qui revêt l'intérieur de la cavité. Celle-ci se transforme au cours du cycle afin de devenir réceptive à la nidation de l'embryon

présence de muqueuse endométriale en dehors de la cavité utérine, à l'intérieur du ventre et dans les ovaires. Cela peut occasionner une infertilité. Le traitement peut être médical, chirurgical... ou la survenue d'une grossesse

organe allongé situé à la partie postérieure du testicule. Il sert à véhiculer le sperme des testicules aux canaux déférents

aptitude à procréer

fibrome ou fibromyome : tumeur bénigne du muscle de l'utérus présente chez un tiers des femmes de plus de 35 ans, et qui n'entraîne aucun risque de cancérisation

fibrome ou fibromyome : tumeur bénigne du muscle de l'utérus présente chez un tiers des femmes de plus de 35 ans, et qui n'entraîne aucun risque de cancérisation

fécondation in vitro

fécondation in vitro et transfert d'embryon

l'embryon, lorsqu'il a terminé son 3e mois de développement, devient un fœtus, et ce jusqu'à l'accouchement

cavité liquidienne qui se développe chaque mois dans l'ovaire et qui contient l'ovocyte. Visible à l'échographie, le follicule mesure 2 cm à l'ovulation alors que l'ovocyte, qui mesure 120 microns, est invisible à l'œil nu

cellule reproductrice, qu'elle soit mâle (spermatozoïde) ou femelle (ovocyte)

liquide visqueux sécrété par le col de l'utérus laissant passer les spermatozoïdes lors de la période d'ovulation

petite cellule contenant 23 chromosomes qui est évacuée lors de la formation de l'ovule fécondable et lors de l'ovulation

grossesse uniquement identifiable par dosage hormonal, et dont l'évolution s'arrête avant que son développement permette l'identification par échographie

grossesse qui se développe en dehors de l'utérus et qui nécessite une interruption par médicaments ou chirurgie

substance fabriquée par les glandes qui agit sur un organe cible

glande située à la base du cerveau agissant sous l'influence de l'hypothalamus, située plus haut dans le cerveau. L'hypophyse sécrète des hormones qui agissent, entre autres choses, au niveau des ovaires et des testicules

insémination artificielle par le sperme du conjoint

insémination artificielle par le sperme d'un donneur

injection intra-cytoplasmique du spermatozoïde dans l'ovule (intra cytoplasmic sperm injection)

insémination intra-utérine

incapacité pour un couple de procréer

mise en contact de l'ovule et des spermatozoïdes en fécondation in vitro

technique particulière d'analyse approfondie de la structure d'une cellule, par exemple du spermatozoïde, afin d'en évaluer le pouvoir fécondant. Cet examen peut se faire en plus d'un spermogramme classique

liquide nutritif dans lequel sont cultivés les gamètes puis les embryons

hormone féminine sécrétée par l'ovaire, dont la principale, lors de la première partie du cycle, est l'œstradiol

diminution du nombre de spermatozoïdes éjaculés

glande génitale féminine qui produit les ovules ou ovocytes

syndrome qui associe les troubles de l'ovulation, un excès d'hormones mâles avec une image échographique particulière

enlèvement chirurgical d'un ovaire

ovocyte ou ovule: cellule reproductrice femelle

ovocyte ou ovule: cellule reproductrice femelle

tube fin qui contient les spermatozoïdes ou les embryons congelés au laboratoire. Une paille peut contenir un ou plusieurs embryons ou plusieurs milliers de spermatozoïdes

tube fin qui contient les spermatozoïdes ou les embryons congelés au laboratoire. Une paille peut contenir un ou plusieurs embryons ou plusieurs milliers de spermatozoïdes

petite tumeur bénigne qui se développe dans la cavité utérine au départ de l'endomètre

acte chirurgical qui consiste à aspirer des spermatozoïdes dans l'épididyme

hormone sécrétée par le corps jaune durant la deuxième moitié du cycle. Le corps jaune est la glande qui succède au follicule après la rupture de celui-ci lors de l'ovulation

noyau du spermatozoïde ou de l'ovocyte avant leur fusion dans l'œuf fertilisé

glande génitale chez l'homme située à la base de l'urètre, et dont les sécrétions contribuent à la formation du sperme

processus de fabrication des spermatozoïdes

cellule reproductrice masculine

recherche d'une infection dans le sperme, souvent réalisée à l'occasion d'un spermogramme

évaluation de la forme des spermatozoïdes. Le taux de formes "normales" est en relation avec leur pouvoir de fécondation

glande génitale masculine qui produit les spermatozoïdes et les hormones responsables des caractères physiques masculins

canal qui relie l'utérus à l'ovaire. C'est à cet endroit que la fécondation naturelle se passe

organe qui possède une cavité virtuelle où l'embryon va s'implanter et se développer jusqu'à l'accouchement. Couramment appelé matrice

varices autour des testicules pouvant être à l'origine d'une diminution de la fertilité

couche entourant l'ovocyte qui doit être pénétrée par le spermatozoïde lors de la fécondation

ovocyte fécondé