Le prélèvement et congélation d’un fragment ovarien

Prélever une partie des deux ovaires (ou l’entièreté d’un ovaire) est une autre technique permettant de soustraire les ovocytes à l’effet gonadotoxique. Le fragment ovarien contient une majorité d’ovocytes immatures qui seront maintenus en l’état par la congélation. Après la guérison, les fragments d’ovaire sont regreffés en espérant que la maturation des ovocytes immatures reprenne. Parfois, les fragments de tissu ovarien prélevés contiennent un ou quelques ovocytes (quasi) matures que le biologiste peut isoler pour finaliser in vitro leur maturation et les vitrifier isolément. La patiente bénéficie alors à la fois d’ovocytes matures vitrifiés et de fragments d’ovaire à greffer.

 

Les avantages

  • S'applique à la femme quelle que soit sa situation civile actuelle et future (seule, en couple, hétéro ou homosexuelle.…)
  • Ne nécessite pas de stimulation hormonale
  • Ne nécessite pas de temps et peut être réalisée très vite en urgence
  • Peut être réalisée chez les jeunes adolescentes et les petites filles avant la puberté
 

Les désavantages

  • Le prélèvement d’une partie des deux ovaires (ou l’entièreté d’un ovaire) implique la réalisation d’une intervention chirurgicale sous anesthésie générale. Une laparoscopie est habituellement réalisée, ce qui permet de limiter la durée d'hospitalisation et l’invalidité postopératoire. 
  • La première grossesse obtenue après greffe de tissu ovarien prélevé avant traitement gonadotoxique date de 2004 et moins de 200 grossesses ont été actuellement obtenues. Ces observations limitées font que cette technique est encore considérée comme expérimentale bien que les premières expériences mettent en évidence son efficacité. 
  • L’ovaire peut être lui-même le siège de métastases microscopiques du cancer à traiter. Dans ce cas, la greffe ultérieure des fragments ovariens constitue un risque de récidive pour la patiente. La balance risque/bénéfice est discutée avec l’oncologue. En cas de risques de récidive sur métastases dans les fragments ovariens, la congélation peut être envisagée, mais uniquement pour réaliser la maturation ovocytaire in vitro à partir de ces fragments. Ceci n’est pas encore totalement efficace à l’heure actuelle mais fait l’objet de travaux intenses dans les laboratoires de recherche en reproduction humaine. De même, des techniques d’analyse de plus en plus efficaces existent pour identifier dans les fragments ovariens cryopréservés les cellules cancéreuses, leur quantité et les risques réels de récidives en cas de greffe.
 

Les étapes du traitement

Consultation d’oncofertilité
Compte tenu des désavantages et risques potentiels, cette technique n'est envisagée que si la toxicité du traitement est évidente et qu’aucune autre approche ne peut être proposée ou qu’elle présente un risque trop important (temps, stimulation).
Une consultation est nécessaire et elle aura pour but de
  • vous fournir une information complète
  • s’assurer avec l’oncologue de la nécessité du traitement d’oncofertilité
  • prendre les dispositions nécessaires pour l’intervention chirurgicale (consultation avec un anesthésiste)
  • organiser la congélation des fragments ovariens dans un laboratoire de recherche en reproduction humaine: contrôle des sérologies infectieuses, signatures des conventions légales, organisation du transport du fragment ovarien.  
Intervention chirurgicale
La laparoscopie est un acte chirurgical qui nécessite un séjour à l'hôpital d’au moins un jour ainsi qu’une anesthésie générale. La plupart des gynécologues peuvent la pratiquer, soit dans l’hôpital qui vous prend en charge pour votre cancer, soit au sein de la clinique d’oncofertilité. Cette intervention peut être couplée aux autres actes chirurgicaux éventuellement requis pour le traitement du cancer (p.ex. pose d’un cathéter définitif).
 
Transport des fragments ovariens
Après avoir obtenu toutes les conventions requises pour l’intervention, le prélèvement, le transport et la conservation des fragments ovariens, ceux-ci sont transportés dans un laboratoire de matériel corporel humain actif dans le domaine de la recherche en reproduction humaine afin de vous donner la chance de bénéficier des dernières avancées en la matière lors de la mise en œuvre de votre projet parental.

 

En pratique

Si votre oncologue vous conseille de congeler des fragments ovariens ou si vous vous posez des questions
Appelez directement le centre: 04 355 42 50 ou en cas d’urgence: 0473 80 30 72
 
Combien ça coûte?
Toutes les consultations relatives à cette prise en charge, ainsi que l’hospitalisation et l’intervention chirurgicale seront facturées sans supplément au prix imposé par l’INAMI. Les traitements d’oncofertilité (congélation des fragments ovariens) sont pris en charge par la mutuelle, chez la petite fille et femme jusqu’à l’anniversaire des 38 ans.

Si vous n’êtes pas dans les conditions de remboursement (pas de mutuelle ou 38 ans et plus), après la consultation, une fois les modalités de traitement définies, nous pouvons établir un devis. Contactez Carine GARNIER (04 355 42 72 ou carine.garnier@chc.be) ou Chantal SCHUGENS (04 355 42 73 ou chantal.schugens@chc.be).
 
Signature d’une convention
Toute congélation de matériel corporel humain doit faire l’objet d’une convention entre vous et le laboratoire de recherche en reproduction humaine. Il s’agit d’une obligation de la législation belge. Celle-ci prévoit un délai maximal de dix ans pour la conservation des fragments ovariens. Ce délai légal peut toutefois être prolongé ou écourté par demande écrite de votre part, en temps voulu.

Attention: la demande de prolongation étant plus fréquente en cas de congélation pour cause de cancer, il est essentiel que nous restions en contact et que vous nous communiquiez vos changements d’adresse. Si nous n’avons pas reçu votre demande écrite de prolongation avant l’expiration du délai de conservation de 10 ans, et que nous et le laboratoire de recherche en reproduction humaine ne disposons plus de vos coordonnées, le matériel conservé pourra être détruit ou traité selon les dispositions prévues dans la convention.
 



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